Psychologie : les pouvoir étonnants de notre prénom

Le prénom : notre mot préféré

Les études en psychologie comportementales montrent que nous avons tendance à préférer les gens dont le prénom comporte des similitudes avec le nôtre. Ainsi, lors d’une expérience de psychologie sociale, on a envoyé à des  étudiants d’une université un mail leur demandant de répondre à un questionnaire. Ils ont été 72 % a accepté la demande si le prénom de l’expéditeur du mail était le même que le leur, mais ils n’ont été que 44 % à accepter, si le prénom est totalement différent. D’autres études ont montré aussi que l’on avait tendance à plus apprécier les gens qui avaient un plus grand nombre de lettre similaires à celles qui constituaient notre propre prénom.

Notre prénom, un avantage ou un handicap social

Les prénoms ont des connotations sociales, les ouvriers ne donnent pas les même prénoms que les bourgeois à leur enfants. On trouvera plus facilement un travail de cadre si l’on s’appelle Garance que si l’on s’appelle Jessica. La discrimination joue donc à tous les niveaux. Les testings opérés par les associations montrent bien sûr que trouver du travail est plus difficile quand on porte un prénom à consonances étrangères. Mais ce n’est pas la seule variable en jeu dans l’histoire. Ces phénomènes ne sont même pas conscients dans l’esprit des recruteurs, ils agissent ainsi, même si ils ne sont pas racistes, se sentent de gauche et ont l’impression d’être impartial. Ce sont des comportements totalement automatiques (inconscients dirait le Dr Freud). Pour aller plus loin, on pourra regarder la liste des prénoms de cancres, ou cet article qui montre le lien entre le prénom et le métier.

Les prénoms ont-ils une influence sur notre physique ?

Dans une étude de Anne-Laure Sellier, professeure et chercheuse en sciences cognitives au CNRS, on a montré à des gens ordinaires, des visages de femmes avec quatre prénoms en dessous. Ils devaient deviner le prénom de la personne. En théorie, les gens avaient une chance sur quatre de donner le bon prénom à ce visage. Mais les résultats furent surprenants, car dans 35 à 40 % des cas, les gens donnaient le bon prénom. C’est bien au-delà des 25% du hasard. Pour la chercheuse, la pression sociale du groupe nous pousse à ressembler à notre prénom, et nous finissons par lui ressembler ou du moins à ressembler aux autres personnes qui le portent. Plus étonnant, l’expérience a été réalisée avec une intelligence artificielle. Après avoir montré les visages et le prénom associé de plus de 100 000 personnes, on a réitéré l’expérience. La machine a elle aussi réussi à identifier les bon prénoms au-delà du facteur chance. La machine a même produit une carte avec en rouge les éléments du visage caractéristiques de tel ou tel prénom, la voici ici

Un impact encore non estimé sur les maladies psychiques.

Rien n’a encore été prouvé ou étudié de façon scientifique, mais les soignants des hôpitaux ont déjà remarqué que les gens avec des prénoms rares et originaux se trouvaient en plus grand nombre dans les hôpitaux psychiatriques. S’appeler Nathalie ne vous empêchera pas de souffrir de schizophrénie, mais porter un prénom rare semble donner plus de “chances”. La seule vraie hypothèse d’explication  à ce phénomène serait que les parents à problème (dysfonctionnel) auraient tendance à donner des prénoms rares à leur enfants. C’est en tout cas la conclusion de Nicolas Guéguen, l’auteur de « Psychologie des prénoms ». On ne sait si cette observation tiendra longtemps à l’heure où les prénoms originaux sont de plus en plus nombreux et deviennent …. communs.

Comment notre prénom capte notre attention

Les marketeurs l’ont bien compris quand ils nous envoient des emails commerciaux, ils nous appellent toujours par notre prénom. Dans un registre similaire, les Siri, Alexa et l’assistant de Google nous appellent toujours par notre prénom. Quand nous appelons un enfant par exemple et que nous voulons attirer son attention et lui communiquer un message important, nous l’appelons par son prénom « Théo, arrête de mettre tes doigts dans ton nez ». Et lorsque nous voulons aider une amie ou lui faire passer un message important nous signifions aussi les messages importants nous utilisons son prénom : « Sabine arrête de penser à ce mec, vis ta vie ». Une collection de livres personnalisés utilise d’ailleurs ce principe. Dans ces livres personnalisés, des phrases positives sont associées au prénom de la personne. Il faut le colorier, ce qui nous aide à nous relaxer et à nous concentrer sur le positif, ça s’appelle MoiFormidable. Une idée de cadeau positive pour se booster ou pour dire sont amitié à quelqu’un qu’on aime.

Notre prénom a t-il une influence sur notre moral ?

Des recherches assez anciennes aux Etats-Unis prouvent que lorsque nous n’aimons pas notre prénom, cela peut avoir une influence sur notre vie. Ainsi une étude menée en 1946 par le Pr Eagleson a montré que 57 % des gens qui n’aiment pas  leur prénom pensent que cela a une influence sur la vie alors que seulement 12% des gens qui apprécient le leur pensent que cela à une influence. Le test de Coopersmith, un test d’estime de soi bien connu en psychologie, a également confirmé ça. Ceux qui ont une mauvaise estime de soi, souvent, n’aiment pas leur prénom. Et ceux qui ont une très bonne estime de soi, à l’inverse, apprécient beaucoup leur prénom.  D’autres études menées en 1998  par Twenge et Manis sont allées plus loin. Aimer son prénom aurait une influence sur la satisfaction dans la vie, l’évaluation de l’humeur, la proportion de temps à être heureux. Alors ne faut-il pas apprendre à aimer son prénom pour réussir à s’aimer soi-même ?

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